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Voyage au Centre de la Terre

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XXIX

Lorsque je revins à moi, j'étais dans une demi-obscurité, étendu sur d'épaisses couvertures. Mon oncle veillait, épiant sur mon visage un reste d'existence. A mon premier soupir il me prit la main; à mon premier regard il poussa un cri de joie.

«Il vit! il vit! s'écria-t-il.

—Une demande à vous adresser.. Vous dites que me voilà sain et sauf?

—Ta tête, sauf quelques contusions, est parfaitement à sa place sur tes épaules.

—Sortons donc! m'écriai-je en me levant brusquement.

—Sans doute.

—Oui. Nous ne sommes pas revenus à la surface du globe?

—Oui, répondis-je d'une voix faible.

—Oui, repose-toi encore aujourd'hui, et nous nous embarquerons demain.

—Oui, le vent est assez violent. Je ne veux pas que tu t'exposes ainsi.

—Mon enfant, fit mon oncle en me serrant sur sa poitrine, te voilà sauvé!»

—Mais je vous assure que je me porte à merveille.

—M'expliquerez-vous?

—Je ne t'expliquerai rien, car c'est inexplicable; mais tu verras et tu comprendras que la science géologique n'a pas encore dit son dernier mot.

—Et ma tête?

—Dérangé?

—Demain, Axel, demain; aujourd'hui tu es encore trop faible; j'ai entouré ta tête de compresses qu'il ne faut pas déranger; dors donc, mon garçon, et demain tu sauras tout.

—Cela devait être, car tu as tranquillement dormi. Hans et moi, nous t'avons veillé tour à tour, et nous avons vu ta guérison faire des progrès sensibles.

—Bonjour, Hans, bonjour, murmurai-je. Et maintenant, mon oncle, apprenez-moi où nous sommes en ce moment?

—Alors il faut que je sois fou, car j'aperçois la lumière du jour, j'entends le bruit du vent qui souffle et de la mer qui se brise!

—-Un peu de patience, mon garçon. Une rechute nous mettrait dans l'embarras, et il ne faut pas perdre de temps, car la traversée peut être longue.

—-Tu mangeras, mon garçon: la fièvre t'a quitté. Hans a frotté tes plaies avec je ne sais quel onguent dont les Islandais ont le secret, et elles se sont cicatrisées à merveille. C'est un fier homme que notre chasseur!»

—-Onze heures du soir; c'est aujourd'hui dimanche, 9 août, et je ne te permets plus de m'interroger avant le 10 du présent mois.»

—-Non, Axel, non! le grand air pourrait te faire du mal.

—-Non certes!

—-Mais oui, dis-je on me redressant sur les couvertures.

—-Mais au moins, repris-je, quelle heure, quel jour est-il?

—-Le grand air?

—-La traversée?

—-J'ai tous mes membres intacts?

—-En effet, je me sens ragaillardi, et la preuve, c'est que je ferai honneur au déjeuner que vous voudrez bien me servir!

—-Eh bien, j'ai peur que mon cerveau ne soit dérangé,

—-Certainement.

—-Ah! n'est-ce que cela?

«Véritablement, me dit-il, il est étonnant que tu ne te sois pas tué mille fois. Mais, pour Dieu! ne nous séparons plus, car nous risquerions de ne jamais nous revoir.»

«Qu'as-tu donc, Axel?

«Ne nous séparons plus!» Le voyage n'était donc pas fini? J'ouvrais de grands yeux étonnés, ce qui provoqua immédiatement cette question:

«God dag,» dit-il.

«C'est un rayon du jour, pensai-je, qui se glisse par cette fente de rochers! Voilà bien le murmure des vagues! Voilà le sifflement de la brise! Est-ce que je me trompe, ou sommes-nous revenus à la surface de la terre? Mon oncle a-t-il donc renoncé à son expédition, ou l'aurait-il heureusement terminée?»

«Bonjour, Axel! fit-il joyeusement. Je gagerais volontiers que tu te portes bien!

Tout en parlant, mon oncle apprêtait quelques aliments que je dévorai, malgré ses recommandations. Pendant ce temps, je l'accablai de questions auxquelles il s'empressa de répondre.

Le lendemain, à mon réveil, je regardai autour de moi. Ma couchette, faite de toutes les couvertures de voyage, se trouvait installée dans une grotte charmante, ornée de magnifiques stalagmites, dont le sol était recouvert d'un sable fin. Il y régnait une demi-obscurité. Aucune torche, aucune lampe n'était allumée, et cependant certaines clartés inexplicables venaient du dehors en pénétrant par une étroite ouverture de la grotte. J'entendais aussi un murmure vague et indéfini, semblable à celui des flots qui se brisent sur une grève, et parfois les sifflements de la brise.

Je me posais ces insolubles questions, quand le professeur entra.

Je me demandai si j'étais bien éveillé, si je rêvais encore, si mon cerveau, fêlé dans ma chute, ne percevait pas des bruits purement imaginaires. Cependant ni mes yeux ni mes oreilles ne pouvaient se tromper à ce point.

Je fus vivement touché de l'accent dont furent prononcées ces paroles, et plus encore des soins qui les accompagnèrent. Mais il fallait de telles épreuves pour provoquer chez le professeur un pareil épanchement.

J'appris alors que ma chute providentielle m'avait précisément amené à l'extrémité d'une galerie presque perpendiculaire; comme j'étais arrivé au milieu d'un torrent de pierres, dont la moins grosse eût suffi à m'écraser, il fallait en conclure qu'une partie du massif avait glissé avec moi. Cet effrayant véhicule me transporta ainsi jusque dans les bras de mon oncle, où je tombai sanglant et inanimé.

En vérité, j'étais bien faible; mes yeux se fermèrent involontairement. Il me fallait une nuit de repos; je me laissai donc assoupir sur cette pensée que mon isolement avait duré quatre longs jours.

En ce moment Hans arriva. Il vit ma main dans celle de mon oncle; j'ose affirmer que ses yeux exprimèrent un vif contentement.

—Nous embarquer!»

Ce dernier mot me fit bondir.

Quoi! nous embarquer! Avions-nous donc un fleuve, un lac, une mer à notre disposition? Un bâtiment était-il mouillé dans quelque port intérieur?

Ma curiosité fut excitée au plus haut point. Mon oncle essaya vainement de me retenir. Quand il vit que mon impatience me ferait plus de mal que la satisfaction de mes désirs, il céda.

Je m'habillai rapidement; par surcroît de précaution, je m'enveloppai dans une des couvertures et je sortis de la grotte.

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