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La guerre et la paix

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II

La route suivie était si bien celle que l'armée devait infailliblement prendre, que les maraudeurs mêmes se répandirent dans cette direction, et Koutouzow s'attira le blâme de l'Empereur pour avoir d'abord conduit l'armée par la route de Riazan, au lieu de se diriger sur Taroutino. L'Empereur lui-même lui avait indiqué ce mouvement dans une lettre que le commandant en chef reçut seulement après y être arrivé.

Le service rendu par Koutouzow ne consistait pas dans une manœuvre de génie, mais bien dans l'intelligence du fait accompli. Lui seul attribuait à l'inaction des Français son importance réelle; lui seul soutenait que la bataille de Borodino avait été une victoire; lui seul, qui, par sa position de commandant en chef, semblait être appelé à prendre l'offensive, faisait tout, au contraire, pour empêcher l'armée russe de dépenser inutilement ses forces dans des combats stériles.

«Signé: Napoléon.»

«Moscou, ce 30 octobre.

«Monsieur le prince Koutouzow, j'envoie près de vous un de mes aides de camp généraux pour vous entretenir de plusieurs objets intéressants. Je désire que votre Altesse ajoute foi à ce qu'il lui dira, surtout lorsqu'il exprimera les sentiments d'estime et de particulière considération que j'ai depuis longtemps pour sa personne. Cette lettre n'étant à autre fin, je prie Dieu, Monsieur le prince Koutouzow, qu'il vous ait en Sa sainte et digne garde.

«Je serais maudit par la postérité si l'on me regardait comme le premier moteur d'un accommodement quelconque. Tel est l'esprit actuel de ma nation,» répondit Koutouzow, et il continua à faire tout ce qui dépendait de lui pour diriger la retraite de ses troupes.

La bête fauve, blessée à mort à Borodino, se trouvait encore là où le chasseur l'avait laissée. Était-elle épuisée? Était-elle encore vivante? Le chasseur l'ignorait. Mais tout à coup elle poussa un gémissement qui trahit sa situation sans issue, et ce cri de désespoir fut l'envoi de Lauriston au camp de Koutouzow. Napoléon, convaincu comme toujours qu'il était impeccable, écrivit à Koutouzow, sous l'impulsion du moment:

À la suite d'un mois de pillage par l'armée française et d'un temps équivalent de repos pour les troupes russes, un grand changement était survenu dans les forces des deux belligérants et dans l'esprit qui les animait: la balance penchait en faveur des Russes, et le besoin de prendre l'offensive se manifesta chez eux sur toute la ligne. Cette longue inaction avait éveillé l'impatience et la curiosité de savoir ce qu'étaient devenus les français, qu'on avait perdus de vue depuis tant de semaines. La hardiesse avec laquelle nos avant-postes s'en approchaient chaque jour, la nouvelle de légères victoires de partisans et de paysans sur l'ennemi, faisaient renaître l'envie et les sentiments de vengeance refoulés dans le cœur de chacun pendant le séjour de l'étranger à Moscou; le soldat sentait d'instinct que le rapport de leurs forces respectives n'était plus le même et que la supériorité nous était acquise. De même que le carillon d'une horloge se met en branle et joue son air lorsque l'aiguille achève le tour du cadran, de même, dans les hautes sphères, le contrecoup de cette impression générale se traduisit immédiatement par un redoublement d'activité.

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