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La guerre et la paix

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XIV

Remise de son émotion et ramenée à son sujet favori, elle leur parla du père Amphiloche, de sa sainte existence, et comme quoi sa main sentait l'encens; comment aussi à Kiew, à son dernier pèlerinage, un moine de sa connaissance lui avait donné les clefs des catacombes, et comment elle y avait passé quarante-huit heures avec les saints, ayant un morceau de pain sec pour toute nourriture:

«Je priais devant l'un, puis je disais mes prières devant un autre. Je dormais un petit peu, je baisais un troisième; et quelle paix, ma mère, quelle paix céleste! Je n'avais plus envie de remonter sur la terre du bon Dieu.»

—Je n'ai pas voulu l'offenser, croyez-moi; j'apprécie ses sentiments!»

À dix heures du soir, les domestiques s'élancèrent sur le perron, au tintement des clochettes de l'attelage qui ramenait le vieux prince. Pierre et André allèrent à sa rencontre.

«Vous êtes très bon, lui dit-elle.

«Qui est-ce? demanda le vieux en descendant de voiture.—Ah oui! très content! ajouta-t-il en reconnaissant le jeune homme, embrasse-moi... là!»

«Pratique une saignée, mets de l'eau à la place du sang, et alors il n'y aura plus de guerre! Chimères de femme, chimères de femme!» ajouta-t-il, en tapant affectueusement sur l'épaule de son adversaire, et en s'approchant de la table, où son fils, qui ne voulait pas prendre part à la conversation, examinait les papiers qu'il avait apportés.

«Le maréchal de la noblesse, lui dit-il, le comte Rostow, n'a guère fourni que la moitié de son contingent, et, arrivé une fois en ville, il s'est imaginé de m'inviter à dîner! Je lui en ai donné un... de dîner! Regarde ce papier!... Sais-tu qu'il me plaît, ton ami, il me réveille! Un autre vous raconte des choses intelligentes, et on n'a pas envie de les écouter, tandis que celui-ci me bombarde de balivernes, qui amusent ma vieille tête. Allez, allez souper, je vous rejoindrai peut-être pour me disputer encore.... Tu me feras le plaisir d'aimer ma sotte princesse Marie, n'est-ce pas?»

«Je vous connais depuis longtemps, je vous aime comme un frère. Comment avez-vous trouvé André? Il m'inquiète. Sa santé était meilleure l'hiver dernier, mais au printemps sa blessure s'est rouverte, et le médecin lui conseille de faire une cure à l'étranger. Son moral aussi me tourmente: il ne peut pas, à l'exemple de nous autres femmes, pleurer son chagrin, mais il le porte en dedans de lui-même; aujourd'hui il est gai, animé, grâce à votre arrivée... c'est si rare! Tâchez de lui persuader de voyager, il a besoin d'activité, et cette vie monotone le tue... on ne le remarque pas, mais je le vois!»

Pierre l'écoutait et l'observait attentivement; le prince André quitta la chambre, et sa sœur, abandonnant à elles-mêmes «les hommes de Dieu», emmena Pierre au salon.

Pendant ce séjour à Lissy-Gory, Pierre apprécia tout le charme de l'affection qui l'unissait au prince André. Le vieux prince et la princesse Marie, qui le connaissaient à peine quand il y était arrivé, le traitaient déjà en ancien ami. Il se sentait aimé, non seulement de cette dernière, dont il avait gagné le cœur par sa douceur envers ses protégés, mais même du petit bonhomme d'un an, le prince Nicolas, comme l'appelait son grand-père; l'enfant lui souriait et se laissait porter par lui. Mlle Bourrienne et l'architecte suivaient d'un air radieux ses conversations avec le vieux prince. Celui-ci avait assisté au souper, c'était une faveur marquée pour Pierre, et son amabilité ne se démentit pas un instant, pendant les deux jours que son hôte passa à Lissy-Gory.

La princesse Marie lui répondit par un sourire:

Il était de bonne humeur, et le combla de tant de prévenances, que le prince André les trouva, une heure plus tard, engagés dans une vive discussion. Pierre prouvait qu'un jour viendrait où il n'y aurait plus de guerre, tandis que le vieux prince, sans se fâcher, mais en le raillant, soutenait le contraire:

Lorsque la famille se réunit après son départ, et que, par une conséquence naturelle de sa visite, on se mit à analyser son caractère, tous, chose bien rare, s'unirent pour en faire l'éloge et pour exprimer la sympathie qu'il leur avait inspirée.

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