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La guerre et la paix

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XIII

Natacha s'était arrêtée, dans sa fuite, à l'entrée de la serre; là elle attendit Boris, tout en prêtant l'oreille à la conversation du salon. À la fin, perdant patience et frappant du pied, elle était sur le point de pleurer, lorsqu'elle entendit le jeune homme, qui arrivait sans se presser le moins du monde. Elle n'eut que le temps de se jeter derrière les caisses d'arbustes. Une fois dans la serre, Boris regarda autour de lui et, secouant un léger grain de poussière de dessus sa manche, il s'approcha de la glace pour y mirer sa jolie figure. Natacha suivait avec curiosité tous ses mouvements: elle le vit sourire et se diriger vers la porte opposée; alors elle eut la pensée de l'appeler:

«Non, se dit-elle, qu'il me cherche!»

—Êtes-vous amoureux de moi?

—Sonia, un mot! Peut-on se tourmenter ainsi et me tourmenter moi, pour une chimère,» lui dit-il en lui prenant la main.

—Sonia, le monde entier n'est rien pour moi: toi seule tu es tout, et je te le prouverai!

—Rien, je n'ai rien, laissez-moi!...»

—Oui, je le suis. Mais, je vous en prie, ne recommençons plus..., ce que nous venons de faire.... Encore quatre ans... alors je demanderai votre main...»

—Je n'aime pas que tu parles à... dit Sonia.

—Eh bien! si vous le savez, tant mieux pour vous, allez la rejoindre.

—Eh bien! je ne le ferai plus, pardonne-moi!...»

À peine avait-il disparu, que Sonia, tout en pleurs et les joues en feu, se précipita dans la serre. Natacha allait s'élancer vers elle, mais le plaisir de rester invisible et d'observer, ce qui se passait, comme dans les contes de fées, la retint immobile. Sonia se parlait à elle-même tout bas, les yeux fixés sur la porte du salon. Nicolas entra.

«Vous ne le voulez pas? Eh bien, venez, par ici...»

«Treize, quatorze, quinze, seize, dit-elle en comptant sur ses doigts. Bien, c'est convenu!...»

«Sonia, qu'as-tu? Est-ce possible? lui cria-t-il en courant à elle.

«Qu'est-ce qui va se passer? pensa-t-elle.

«Qu'avez-vous à me dire?»

«Plus près, plus près!» dit-elle en saisissant tout à coup le jeune homme par son uniforme.

«Natacha, je vous aime, vous le savez bien, mais....

«Mais non, je sais ce que c'est!

«Et moi, m'embrasserez-vous?»

«Embrassez ma poupée!»

«Comme vous êtes étrange!» lui dit-il.

«C'est convenu! reprit Boris.

«Boris, venez ici, dit-elle d'un air important et mystérieux. J'ai à vous dire quelque chose. Ici, ici!...»

«Ah! voilà qui est bien!» se dit Natacha.

Sonia pleurait sans retirer sa main. Natacha, clouée à sa place, retenait sa respiration; ses yeux brillaient.

S'élançant d'un bond sur une des caisses, elle entoura de ses deux petits bras nus et grêles le cou de son compagnon, et, rejetant ses cheveux en arrière, elle lui appliqua un baiser sur les lèvres; puis, s'échappant aussitôt et se glissant rapidement à travers les plantes, elle s'arrêta de l'autre côté, la tête penchée.

Nicolas et Sonia quittèrent la serre; elle les suivit à distance jusqu'à la porte et appela Boris.

Natacha se mit à réfléchir.

Et, rougissante d'émotion et prête à pleurer, elle murmura:

Et, l'entraînant tout au milieu des arbres, elle jeta sa poupée.

Et, l'attirant à lui, il l'embrassa.

Et un sourire de confiance et de satisfaction éclaira son petit visage.

Et il se penchait indécis au-dessus d'elle.

Et elle l'amena jusqu'à sa cachette entre les fleurs. Boris obéissait en souriant:

Et elle fondit en larmes.

Elle se troubla, regarda autour d'elle, et, ayant aperçu sa poupée qui gisait abandonnée sur une des caisses, elle s'en empara et la lui présenta:

Boris ne bougeait pas et regardait sa petite figure animée et souriante.

Boris devint pourpre.

—Pour toujours, à la vie à la mort!» s'écria la fillette en lui prenant le bras et en l'emmenant, heureuse et tranquille, dans le grand salon.

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